09h30-10h30
Salon Ulysse
Nicolas MILLET
Agrégé de Philosophie, Professeur au lycée Choiseul (Tours), Chargé de cours à l’université de Tours
Joë Bousquet, poète immobile, ou l’itinéraire passionné d’une blessureLe 27 mai 1918, Joë Bousquet a tout juste 21 ans. Engagé volontaire dans un corps d’infanterie depuis 1916, il est maintenant Lieutenant. Il doit faire face à l’offensive allemande de grande envergure qui a lieu dans l’Aisne. Au cours du combat, particulièrement violent et déséquilibré, il reçoit une balle qui l’atteint en pleine poitrine. Il est durant les semaines qui suivent « comme un cadavre » : « le corps comme un mouchoir, n’ayant plus que ce souffle sur les lèvres venu de poumons quatre fois troués. » Mais il survit –paralysé.
Le 8 août 1937, à bientôt 41 ans, soit quasiment 20 après, il écrit à celle qu’il aime alors et nomme bellement Poisson d’Or : « Sachez que je vois enfin ma blessure comme le plus grand bienfait de ma vie. » Comment est-ce possible ? Lui, qui n’a plus quitté sa chambre depuis 1924 – sauf à de très rares occasion, et au début seulement – et qui y restera alité sans discontinuer jusqu’à sa mort en 1950 – comment peut-il se dire, aussi facilement, reconnaissant et heureux de ce qui l’a rendu immobile ? La vie ne tient-elle pas depuis toujours dans la mobilité – et même l’auto-mobilité (Aristote) ? Serait-il alors tout simplement en train de mentir ? Et de se mentir à soi-même pour mieux supporter l’insupportable ?
Pourtant « faîtes attention à ceci : un blessé, un malade, un infirme, il est reposant pour l’esprit de le définir comme malheureux. L’idée de son bonheur est insupportable à une conscience normale. Le secret de sa joie ne peut être que dangereux. » Un tel bonheur dérange. Aurions-nous peur ? Mais de quoi ? De découvrir que la vie diminuée n’est pas celle qu’on croit ? Que quelque chose nous manque ? Quel est alors le secret de cette joie ? Ce secret et cette joie que nous ne posséderions pas… Faut-il être poète pour les connaître ? Ou philosophe : stoïcien ?
En somme : qu’est-ce que l’immobilité et la blessure ont donc appris à Bousquet sur la vie et que nous devrions savoir pour vivre mieux ?
(Pour les citations de Bousquet : Lettres à Poissons d’Or, Gallimard, Coll. L’Imaginaire, pp. 86, 34 et 47.)
Salon Ulysse
Alain GOUDEAU
Professeur des Universités Praticien hospitalier
Virus émergents: la réalité et les fantasmes
Salon Marco Polo
Jean-vincent BRISSET
Directeur de recherches à l’IRIS, spécialiste des questions de sécurité en Asie
La Chine et ses frontières maritimes: vers une extension de son territoire ?
La Chine a une vision très particulière des frontières et des traités, qui l’amène à pouvoir reconsidérer l’existant en fonction de l’évolution des rapports de force. Son succès économique, ses réussites de prestige récentes, la montée en puissance de ses forces militaires nourrissent aujourd’hui des visées expansionnistes qui se traduisent par une volonté d’exercer sa souveraineté sur de vastes espaces maritimes où d’autres pays estiment avoir aussi des droits. Cela conduit à une modification des rapports stratégiques dans la zone et pourrait provoquer des conflits dont l’ampleur est imprévisible.
Salon Bougainville
Franck MICHEL
Anthropologue, cofondateur de « La croisée des routes », www.croiseedesroutes.com
Routes, déroutes et détours: éloge de l’autonomadie
Cette rencontre évoquera le voyage dans toutes ses composantes, du VRP au SDF, du touriste de luxe au réfugié politique, en passant par toute la gamme de nomades, anciens et nouveaux, traditionnels et modernes. L’utopie d’un autre monde et l’esprit du voyage se retrouvent au détour des routes et même des déroutes. L’autonomadie – contraction de nomadisme et autonomie – est au coeur de cette réflexion (un terme notamment explicité dans trois de mes ouvrages: « routes, éloge de l’autonomadie, 2009 », « éloge du voyage désorganisé, 2012 » et « du voyage et des hommes, 2013 »). La conférence s’appuiera, à l’aide de photos et d’anecdotes, sur les divers « terrains » anthropologiques de Franck Michel, comprenant notamment l’Asie du Sud-Est – l’auteur résidant souvent en Indonésie – et dans une moindre mesure l’Amérique du Sud.
10h30-11h30
Salon Magellan
Marc-André SELOSSE
La symbiose : des gènes voyageurs ?
Salon Marco Polo
Sylvie LE CLECH
Directrice DRAC Région Centre-Val de Loire
Elites de la Renaissance française, à la cour des Valois: entre hôtels urbains et châteaux campagnards
Les élites de la cour des souverains Valois à la Renaissance sont connues pour leur fort engagement auprès du souverain ce qui leur vaut fortunes ou disgrâces retentissantes. Elles le suivent dans ses déplacements et, attachées à son service, adoptent un mode de vie particulier très itinérant : l’hiver en ville l’été aux champs et en voyage avec la cour. On ne peut comprendre les châteaux de la Loire, leurs décors et mobiliers que si l’on se replace dans les modes de vie d’une noblesse qui par le service du roi accède à la notoriété et crée de nouvelles habitudes sociales fondées sur une conception de la Mobilité La Mobilité dans ce cas précis sert de stratégie de prestige et une vie culturelle intense. Bouger c’est rester éveillé, à l’affût des modes courants et tendances. Bouger au service du roi, c’est affirmer son désir d’ascension sociale à travers des conduites qui mettent en avant la vivacité mais aussi l’abnégation et la résistance physique et mentale.
Salon Alexandra David-Neel
Emmanuelle TIXIER DU MESNIL
Maîtresse de conférences, université Paris-Ouest Nanterre-La Défense, histoire médiévale – Centre d’histoire sociale et culturelle de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècles) (CHiSCO)
Géographes et voyageurs en terre d’Islam au Moyen-âge
Si dans l’Antiquité la géographie est grecque, au Moyen Âge, elle est arabe. L’empire islamique, à cheval sur trois continents, domine un immense espace qui touche aux limites du monde, du grand océan environnant qui borde al-Andalus à l’Ouest, jusqu’aux murailles de Gog et Magog à l’Est. C’est ce territoire de l’Islam que décrivent les géographes et que parcourent les voyageurs, du IXe siècle, alors que naît à Bagdad la science de la description des pays héritée de la Grèce, jusqu’au XIVe siècle et l’immense périple d’Ibn Battuta qui l’emmène au sultanat de Delhi, à la richesse proverbiale, là où des souverains turcs parlant le persan règnent sur des Indiens, en passant par la carte du monde dressée par le géographe al-Idrîsî au XIIe siècle pour le roi normand de Sicile Roger II.
11h30-12h30
Salon Ulysse
Alice NEUBURGER
Agrégée de lettres classiques, chargé de cours à l’université de Tours, professeur au lycée Choiseul (Tours)
Les routes d’Ulysse
Salon Magellan
Magaly CARAVANIER et Bénédicte MONTIGNY
Nouvelles technologies, nouvelles énergies pour les véhicules
Le déclin prévisible des énergies fossiles et la lutte contre l’effet de serre sont des défis incontournables, qui vont nécessiter la mise en œuvre d’importants développements technologiques. Le stockage et la conversion de l’énergie, confirmés lors du Grenelle de l’Environnement, en seront une composante essentielle. L’enjeu majeur de ce 21ème siècle est de proposer des alternatives viables économiquement, qui sont garantes de l’écologie et des performances visées. La Chimie est prête à relever ce défi !La mise au point des systèmes de stockage ou de conversion de l’énergie constitue un problème à entrées multiples alliant les sciences des matériaux, l’électrochimie, les performances sans oublier le design de ces dispositifs. Nous verrons comment la chimie se met au service des différentes technologies d’avenir telles que les piles à combustibles, le photovoltaïque, les supercondensateurs et les batteries.
Salon Marco Polo
Thomas GANGNEUX
Agrégé d’histoire-géographie, Professeur en classes préparatoires (Lycée Descartes, Tours)
La diaspora chinoise
Salon Bougainville
Tangi VILLERBU
Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de La Rochelle, CRHIA (EA 1163)
La conquête de l’Ouest et la fondation de l’Amérique
13h30-14h30
Salon Ulysse
Mickaël NICHANIAN
Ancien élève de l’École normale supérieure et docteur en Histoire, conservateur à la Bibliothèque nationale de France
Le génocide arménien et la naissance de la Turquie moderne
Lancée au coeur de la Première Guerre mondiale, la destruction des populations non-musulmanes d’Anatolie, arméniennes, grecques et assyro-chaldéennes, s’est inscrite au cœur d’un vaste programme de « turquification » à marches forcées de l’Anatolie. De fait, si l’empire ottoman comptait encore près de 4 millions de non-musulmans en 1914, la Turquie kémaliste de 1923 n’en comptait plus que 300 000, principalement concentrés à Istanbul.
Après l’arrestation et la déportation des principales personnalités arméniennes de Constantinople le 24 avril 1915, la déportation et l’extermination des Arméniens d’Anatolie, ainsi que l’appropriation de leurs biens, furent immédiatement suivies de l’installation de réfugiés musulmans. Ces deux processus poursuivaient un même but : « fabriquer » de manière volontariste et par la force une nation turque homogène et moderne sur le modèle des nations européennes.
Longtemps considérée comme un « détail » de l’histoire de la Première Guerre mondiale, l’étude du génocide des Arméniens a conquis, depuis quinze ans, une place nouvelle dans l’historiographie, notamment du fait de l’intérêt nouveau d’historiens turcologues pour cette question, ainsi que par le biais de l’étude de la complicité allemande dans la réalisation de ce processus génocidaire entre 1915 et 1918.
Il est nécessaire aujourd’hui, cent ans après les faits, revenir sur ce premier génocide du XXe siècle, commis par les Jeunes-Turcs, car l’analyse de ses mécanismes demeure une nécessité pour prévenir leur répétition. De fait, la grande leçon du génocide des Tutsis du Rwanda est ainsi que l’étude du génocide des Arméniens d’Anatolie et des juifs d’Europe n’a pas encore permis de favoriser la compréhension ni la prévention de phénomènes génocidaires similaires par les autorités internationales, et notamment françaises, à une époque aussi récente que 1994.
Salon Magellan
Olivier CLOCHARD
Migrations en Méditerranée: circulations et enjeux frontaliers
Salon Bougainville
Corentin CHARBONNIER

Le festival Hellfest, lieu de pèlerinage et enjeu de mobilité du public « métal »
Que représente le Hellfest pour la communauté metal? Au delà de son évolution depuis sa création, il interroge les relations qu’il favorise entre festivaliers, entre festivaliers et artistes et questionne de par son rôle en tant que lieu permettant à une communauté sans ancrage géographique de se rassembler. Le Hellfest permet dans la vie de chaque metalhead une pause dans un espace particulier, durant un temps délimité, offrant à chacun, la possibilité d’affirmer ou de réaffirmer son identité à travers différents rituels. Il est ainsi devenu le pèlerinage de la communauté metal tout entière.
Salon Alexandra David-Neel
Christian DESTREMAU
Historien, spécialiste des questions d’espionnage et du Moyen-Orient
Lawrence d’Arabie
14h30-15h30
Salon Ulysse
Paul DIETSCHY
Professeur d’histoire contemporaine (Université de Franche-Comté)
Le football: une autre histoire de la mondialisation
Homo-Sapiens : la longue migration
Les fossiles d’Homo sapiens les plus anciens ont été retrouvés en Afrique il y a près de 200 000 ans. Ces premiers hommes modernes se sont dispersés dans l’Ancien Monde jusqu’aux terres d’Australie, puis plus tardivement dans les Amériques et enfin aux îles reculées du Pacifique. Qui étaient-ils ? Comment s’est déroulée cette expansion : ont-ils évolué de manière convergente dans différentes parties du monde ou sont-ils tous issus d’une unique vague de migration hors d’Afrique ? Quelles interactions ont-ils eues avec les autres espèces d’hominidés ? Cette conférence tentera de répondre à ces questions et illustrera ce que nous apprend cette longue migration sur notre espèce et son évolution.
Salon Marco Polo
William BLANC
Historien, Membre de la rédaction du Magazine « Histoire et Images Médiévales »
Charles Martel et la bataille de Poitiers. Histoire et investissement mémoriels
Les mémoires contemporaines associent immanquablement Charles Martel et sa victoire de Poitiers en 732. Mais que s’est-il passé durant cet affrontement ? A-t-il été, comme d’aucuns le prétendent aujourd’hui, un choc de civilisation ? Et quels ont été les échos de cette bataille à travers les âges ? Voilà quelques questions auxquelles nous tenterons de répondre durant notre intervention.
Salon Bougainville
Yves ROMAN
Professeur émérite d’histoire ancienne à l’université Lumière-Lyon II
Le monde romain, des mobilités dans un monde immobile
L’immobilité constitue indiscutablement l’une des caractéristiques de Rome. Mieux même, elle fut une force essentielle dans la conquête du monde. C’est immuable, en effet, que devait être la relation avec le divin, cette immutabilité étant garante de la relation avec le divin, lui-même garant de la promesse de domination du monde. Immuables devaient être les institutions d’une république aristocratique, aux combats politiques féroces réglés par des pratiques pluriséculaires. Immobile devait également être la société, cela était la rançon du bon ordre sociopolitique.
Et pourtant… la mobilité ne fut jamais absente à Rome. C’était d’abord la mobilité militaire, l’un des exemples les plus fameux étant le déplacement, sous Vespasien, d’une partie d’une légion du territoire de la Bulgarie d’aujourd’hui jusque dans les plaines de la Saône, très exactement chez les Lingons qui s’agitaient. C’était aussi la mobilité de commerçants qui, par des intermédiaires, finirent par envoyer des émissaires jusqu’en Chine. C’était aussi la mobilité du système politique qui passa de la République au Principat, que nous appelons improprement Empire.
Malgré toutes les affirmations ou les dénégations, une société immobile ne constitue pas un concept opératoire pour la Rome antique. Voilà de quoi alimenter le débat entre Claude Lévi-Strauss, qui croyait à l’existence de sociétés « froides », donc immobiles, et de sociétés « chaudes » mobiles par essence, et Georges Balandier qui n’y crut jamais et contesta une position qu’il jugeait trop dogmatique.
Salon Alexandra David-Neel
Thomas TANASE
Agrégé et Docteur en Histoire
Dans l’empire mongol: le voyage du frère franciscain Jean de Plancarpin à la cour du grand Khan (1245-1247)
Tout le monde croît connaître les Mongols, l’image même de guerriers impitoyables, rasant tout sur leur passage. Ils surent pourtant construire un immense empire, premier véritable phénomène mondial de l’histoire, que l’on peut aujourd’hui redécouvrir à travers le récit du franciscain Jean de Plancarpin, ambassadeur du pape auprès du grand-khan Güyük, petit-fils de Gengis Khan. Plus encore, on pourra également saisir à travers la rencontre de l’envoyé du pape et du grand-khan comment c’était aussi l’histoire du monde qui était en train de se jouer, à l’heure de la découverte de l’Asie par les Occidentaux et du basculement depuis les grands-empires mondes eurasiatiques vers la pointe la plus éloignée de cette masse continentale, l’Europe.
15h30-16h30
Salon Marco Polo
Lucas DELATTRE
Comment le numérique a bouleversé l’information
Salon Bougainville
Olivier WIEVIORKA
La résistance française, nouveaux enjeux, nouvelles approches
Salon Alexandra David-Neel
Grégory WALLERICK
Les Indiens face à l’arrivée des Espagnols au XVIe siècle
15h30-17h
Salon Magellan
CONFÉRENCE À DEUX VOIX : Mafia et corruption.
Fabrice RIZZOLI
Les mafias italiennes: une force transnationale ?
& MARIO VAUDANO

Le combat contre la corruption et le crime organisé en Italie et en France des années 50 à nos jours. Différences et similitudes.
Salon Ulysse
Jean-Louis GARCIA
CARTE BLANCHE MGEN
La loi handicap: plus de 10 ans après, quels bilans ?